La justice qui est souvent représentée par une balance traduirait l’équilibre, l’harmonie, l’ordre et l’équité. Mais le nombre d’erreurs judiciaires qui jalonnent l’histoire tendrait à faire penser que cette allégorie renvoie moins à l’impartialité de ladite institution qu’à son aveuglement. Dans Au nom du peuple (Ahmed Tidjani, 2011), le dramaturge et juriste guinéen Ahmed Tidjani Cissé fait le procès de ces juridictions africaines contemporaines modulables, malléables et corrompues où la balance est toujours penchée du côté du pouvoir. Par une dramatisation faite de péripéties, le dramaturge plonge le lecteur-spectateur dans une juridiction d’exception à fonctionnalité double c’est-à-dire une justice qui change de visage selon les individus et les classes socioéconomiques. Dans la pièce où les résonances avec l’actualité guinéenne sont nombreuses, la justice qui est dévoyée de sa mission première (le respect du droit), éclaire sur les rapports de classes : les détenteurs du pouvoir et les détenus du pouvoir.